Les derniers accord résonnèrent dans les jardins fréquentés par des dizaines d'élèves. L'eau de la fontaine cessa sa danse aérienne et reprit son écoulement naturel. L'air restait frais malgré la vague de chaleur qui s'était abattue sur le campus, l'avantage de se trouver sur une île était qu'il ne faisait jamais trop chaud, et contrairement à l'Australie natale du musicien, il n'y avait pas non plus de pluies trop fréquentes.
Bref, Rodrigue n'avait pas cours avant un bon moment et il s'était décidé à s'entraîner un peu sur les prochains morceaux pour la chorale. Et c'était pas si mal parti, si seulement on n'était pas déjà passé trois fois le voir parce qu'il avait arrosé par mégarde quelqu'un. Toujours est-il que ce n'était pas sa faute si les pièces plus rythmées provoquaient plus d'éclaboussures. Il avait jeté un regard à moitié joueur à moitié assassin à ses opposants et les avait menacés de pousser la chansonnette. Il n'avait plus eu aucun problème : il était de notoriété publique qu'il ne fallait jamais, mais jamais faire chanter le chef de la chorale. Ce qui était un peu ironique bien sûr, mais aussi bien sage : Rod' chantant faux, son pouvoir sur l'eau déclenchait toujours des catastrophes quand il utilisait sa voix comme instrument. Et ce n'est pas le sceau qui lui avait été apposé qui empêchait cela, c'eut été pratique...
Le blond leva un sourcil et regarda son instrument. Le son lui avait paru plus ou moins bizarre sur les dernières mesures. Il entreprit donc d'inspecter ses cordes et ses réglages. Son sitar était plutôt massif, environ la taille de son propriétaire quand même, il l'avait toujours en bandoulière, même en cours au grand dam des professeurs. L'instrument, de belle facture était d'un bleu azur, les clefs étaient en fait des coquillages et ses cordes étaient réputées indestructibles. Ce qui était franchement pratique, bien qu'il faille le raccorder de temps en temps quand même. Tout à son ouvrage, Rodrigue ne voyait pas vraiment le temps passer...
Dernière édition par Rodrigue Miles le Lun 25 Mai - 15:57, édité 1 fois
Cela faisait trois ans déjà que tu étais ici et pourtant, tu ne voyais pas le temps passer autant. Tu avances comme toujours prudemment dans les couloirs de cette académie, en faisant attention à ne bousculer personne et ne surtout pas te laisser aller par tous les bruits qui venaient de tous les côtés. Plus ça allait et plus tu prenais confiance en toi mais tu as pourtant encore beaucoup à apprendre de ces personnes vivant ici, et de ton pouvoir lui-même. Aujourd'hui, il faisait beau, c'est ce dont tu devinais, à la chaleur que tu ressentais lorsque tu passais à côté d'une fenêtre et aux paroles qui diffusaient de droite à gauche.
Des discutions plus ou moins banales mais qui te faisais enlever tout doute de tes pensées. Et aujourd'hui, tu avais bien envie d'aller dehors comme beaucoup des élèves pour profiter de ce beau soleil et de cette chaleur que tu aimais tant. Lorsque tu levais la tête vers le ciel, tu ressentais le soleil te taper sur le visage et tu savais que si tu avais ouvert les yeux, ils te les auraient doucement brûlés. Et toi, tu aurais juste baissé la tête et peut-être même laisser échapper une petite insulte étouffer. Mais tout ça, tu ne le pouvais pas. Tu savais que c'était impossible.
Au fond, tu étais frustré de ne pas pouvoir ressentir toutes ces petites sensations désagréables qu'un être normal pouvais ressentir, que ce soit intentionnel ou non. Mais ça, tu l'oubliais vite, tu voulais trouver un coin tranquille et te poser sur l'herbe, pouvoir la toucher et frissonner du bout des doigts de ce contacte si doux. Tu avançais donc prudemment dans le parc de l'académie, toujours en te fiant au son et aux formes qui se dessinaient dans ta tête, de ce que toi tu en concluais. Tu entendais des personnes ensuite, se plaindre d'être mouillé, d'avoir été éclaboussé et envoyer paître par la suite.
Tu te demandais ce qu'il se passait, mais peu à peu, tu te souvenais que même ce genre de pouvoir existait. Car après tout, ici... Tout était possible, ou presque. Tu souriais, et avançais vers le bruit d'un bel instrument qui cessait. En un instant, tu ne savais plus où te diriger, mais finalement, tu te fiais à l’instinct et te souvenant d'où tu avais entendu la mélodie. Par mégarde, alors que tu pensais t'être assez rapproché de la personne en question, ton esprit s'était égaré quelques secondes.
Et cela te suffisait pour que tes pieds s’emmêlent et que tu tombes sur le sol. Heureusement, tu t'attendais toujours à ce cas de figure, et tu n'étais pas très surpris d'être tombé comme une pierre sur le sol. D'un ton presque las, tu avais juste prononcé un :
« Aïe... »
Sans vraiment savoir si tout le monde t'avais vu te rétamer ou non. C'était tout à ton honneur...
Tout à son inspection des cordes de son instrument, Rodrigue ne remarquait pas les passants autour de lui, chacun était un inconnu ou un connu ignoré de plus. Il avait beau être sociable, quand il était plongé dans quelque chose bonne chance pour le faire réagir. Déjà trois cordes avaient été tendues de moins d'un millimètre puis testées à nouveau. L'oreille absolue que la plupart des descendants des naïades possédaient était une vraie bénédiction pour les musiciens. Moins quand quelqu'un s'amusait à t'embêter en chantant des noms de notes qui ne correspondaient pas. Ca avait le don de le rendre fou surtout. Bref il se relança sur quelques mesures qui lui semblèrent bien mieux sonner. Tout en jouant il chercha dans sa mémoire quand il aurait le temps de descendre à Alaria cette semaine : il devrait racheter des cordes pour son sitar, sa basse et du produit d'entretien pour ses instruments à bois. Certains prévoyaient des habits ou des jeux lors de leurs sorties shopping. Rod', lui, préférait récupérer de nouveaux instruments. Au grand dam de son entourage d'ailleurs. Par exemple le mois dernier il avait fait l'acquisition d'un harmonica qui avait fait pousser des cris à tout le monde le temps qu'il apprenne à en jouer. Il y a six mois c'était un ocarina. Enfin, rien n'avait encore battu la collection de Kazoo de l'année dernière : les surveillants étaient même venus les confisquer après trois heures de torture auditive. Il faut dire que ces petits instruments dépendaient du chant de l'utilisateur... et on sait ce que ça donne avec le naïade.
Toujours perdu dans ses pensées, il sursauta lorsqu'il entendit un "bonk" puis quelques rires étouffés. Se reconnectant (durement) avec la réalité, le blond leva les yeux puis les baissa ensuite pour voir un jeune homme brun étalé par terre. Son cerveau de musicien s'activa de lui-même et lui rappela qu'il avait déjà vu le jeune homme jouer du piano. Bon ce n'était pas forcément le plus important, bien sûr mais pour Rod' c'était en quelque sorte un gage de sympathie. Contrairement à la plupart de ses compatriotes Dragon, il regardait les personnes avant la maison. Il se serait d'ailleurs bien vu dans n'importe laquelle, mais a priori son côté déluré et foufou avait prédominé lors de la sélection. Le jeune homme portait d'ailleurs les attributs Kirin, les codes tacites de sa faction auraient donc voulus qu'il se moque (gentiment) de lui mais ce n'était pas vraiment le genre du naïade. A la place, il rattacha rapidement son sitar en bandoulière dans son dos et sauta de son banc pour se pencher vers le brunet.
Tu te sentais quand même honteux de t'être rétamé comme ça. Tu ne savais pas comment le prendre, entre t’offusquer ou rire de ta chute. Tu en avais cependant l'habitude. Ce n'était pas nouveau de te sentir tomber et rencontrer le sol, qu'il soit dur ou mou -bien que tu préférais tomber sur l'herbe, ça faisait beaucoup moins mal-. Tu arracha un soupir exaspéré de ta gorge, et tu allais te relever lorsque tu entendais une voix. Tu te figea et ainsi, répétait ça dans ta tête plusieurs fois. C'était nécessaire pour que tu puisse comprendre un minimum ce qui était entrain de se passer.
C'était peut-être la personne qui jouait de l'instrument qui était venu te voir. Tu n'en savais rien, en tout cas à la voix, c'était un garçon, et tu étais content qu’il vienne e voir. Tu e pouvais pas non lus deviner si il avait un sourire moqueur ou pas et dans tout les cas, c'était sans importance. Ça te réchauffais déjà le cœur de le voir venir, te demander si ça allait. Tu réussissais à lui offrir un sourire gêné, alors que tu bougeais enfin pour te mettre à genoux d'abord sur le sol.
« Oui. J'en ai l'habitude de tomber ahah.. » tu passais une main dans tes cheveux en batailles, et lui offrait ensuite un sourire plus nerveux « Et c'est tout le temps lorsqu’il y a du monde, je suis vraiment pas doué... »
Enfin bon. C'était donc ps très important pour l'heure. Tu t'en fichais aussi. Tu ne pouvais de toute façon pas les voir, alors tu ne cherchais pas à comprendre si ils regardaient encore ou non. Tu te relevais donc, et faisait surtout attention. Tu devinais que la personne était pas très loin de toi. Tu te rapprochais quand même un peu pour ne pas à avoir parler trop fort si le jeune homme était à quelques mètres.
Tu enlevais la poussière de tes vêtements, et tu relevais la tête vers le jeune homme. Tu lui allongea un petit sourire moins gêné et honteux, plutôt détendu. Oui, tu te sentais détendu. Même après ça. Tu préférais pas être de trop tendu devant le jeune homme. Tu ignoras royalement aussi de quel groupe il pouvait appartenir. Ça n'avait pas d'importance vu qu'il avait l'air sympathique.
« C'est toi qui jouais d'un instrument ? C'était jolie. Tu fais partit d'un club de musique je suppose ? »
Toi, tu jouais du piano et rien que d'y penser, t'avais envie d'y jouer. La musique était ton échappatoire pour pleins de choses. Quand u allais mal, tu pouvais écouter de la musique, ou même pour te bercer la nuit. Y jouer était comme une libération, toi qui ne pouvais pas voir, juste entendre, écouter et parler. Tu attendais avec impatience la réponse de ton camarade. Lorsque ça touchait à la musique, tu ne pouvais que être combler. Et tout musicien étaient tes amis.
Rodrigue leva un sourcil désabusé en continuant d'entendre les pouffements qui se voulaient discrets. Il tourna un instant les yeux et foudroya du retard le duo de pintades qui se permettaient de se moquer des autres. Deux Kirin, ben tiens. Non non Rod, on avait dit pas d'étiquetage primaire... Il préféra se reconcentrer sur le malheureux plutôt que sur les alentours qui lui donnaient l'impression de gâcher de la matière grise.
Le brunet se relevait d'ailleurs tout en lui adressant un sourire. D'ailleurs c'était bizarre, il n'avait pas décollé les paupières d'un millimètre... Après une fraction de seconde à se demander si la chute ne l'avait pas plus sonné que ce qu'il en avait l'air, le blond interrogea tout simplement sa mémoire longue durée. Ce n'était pas facile du tout, mais le fait que certains étudiants avaient des handicaps sensoriels comme des exacerbations (comme son ouïe de naïade tiens) se signala à son esprit qui décidément était en forme aujourd'hui malgré son flegme habituel. Ce jeune homme était peut-être descendant d'une espèce à la vue très développée ou ne supportant pas la lumière du soleil... Enfin il n'avait pas vraiment l'air d'un vampire ni d'une créature des grottes... C'était peut-être le genre de pauvre hère qui n'avait eu que les mauvais côtés de son ascendance... Il y en avait peu mais c'était suffisamment chaud pour eux. Surtout si ils se retrouvaient chez les Kirin. Ah euh oui reconnexion à la réalité, Rod, on te parle !
- C'est toi qui jouais d'un instrument ? C'était joli. Tu fais parti d'un club de musique je suppose ?
A mauvaise vue bonne ouïe semble t-il. A moins que le jeune homme le connaisse. Il n'était pas rare que beaucoup de gens associent le son de la voix du naïade aux différentes musiques bizarres qui traînaient dans l'académie. Quoique la seconde partie de la question lui indiquait clairement que non, bien sûr. Il appréciait d'ailleurs le compliment sur sa musique, surtout quand pour lui il jouait faux... Son côté perfectionniste ne ressortait vraiment que quand on se penchait sur cet art. C'était peut-être même parfois un peu dur pour ses collègues musiciens d'ailleurs, il l'avait un peu remarqué. Ah euh oui, répondre...
- Ouaip c'était moi ! L'instrument en question c'était mon sitar d'ailleurs. Quant à un club et bien euuuh... Je suis le président de la chorale, on m'appelle Rod's. Rodrigue Miles pour les formalités. Et toi ?
Okay, note à soi-même : faire court pour les présentations. Couuuuuurt. Il avait quasiment tout dit d'une traite ce qui devait paraître bien peu intelligible. Et pourtant il avait l'habitude de parler, hein. Il allait falloir qu'il se calme avec un peu de chocolat, ça devenait urgent...
Il avait mit un peu de temps avant de te répondre, tu te demandais si tu n'avais pas dit une bêtise ou si tu n'en avais pas dis assez justement. Tu n'en savais rien après tout, et puis, tu ne pouvais pas le voir réellement, juste sentir sa présence près de toi, et tu sentais lorsqu'il se tournait ou bougeait un peu. Tu te concentrais sur ses gestes, les bruits, l'aura qui émanait de li... Tu t'arrêtais sur chaque détails pour ne pas en perdre une miette. Tu n'aimait pas lorsqu'une situation t'échappais trop facilement alors que tu pouvais très bien tout avoir.
Et là sans t'en rendre compte, tu t'échappais de la réalité et te plongeais dans tes pensées, ça te faisais toujours ça lorsque tu réfléchissais à quelque chose ou que tu te focalisait sur trop de choses à la fois. Même si t'en avais l'habitude, ton cerveau finissait toujours pas réfléchir à autre chose et toi, tu pensais aussi à autre chose... Jusqu'à te déconnecter de la réalité. Il faut dire que ton camarade prenait son temps pour répondre, il semblait hésiter ou lui-même se plongeait dans ses pensées.
Il finissait quand même par enfin te répondre, et affirmait donc que c'était bien lui qui en avait joué, c'était un sitar... Tu en avait jamais vu, rencontré et même joué. En tout cs toi tu avais bien aimé même si il en avait joué qu'un peu. Ton camarade finissait par se présenter de lui-même et dire qu'il était le chef de la choral. Tu en étais surpris et tu te rappelait en avoir entendu parlé de lui, car après tout il était le chef d'un groupe...
« Oh ! J'en ai déjà entendu parlé de toi, mais je ne t'ai jamais rencontré. » tu te reculais, et tâtais pour pouvoir trouver le coin où était le jeune homme. Une fois trouvé, tu t'asseyais « Je m'appelle Matthias Klausman, enchanté. »
Tu te sentais bien, parler à quelqu'un qui semblait sympathique... Tu ne te sentais pas en danger, tu restais même très calme. Mais là, actuellement, tu avais une grande envie. Tu avais toujours envie de faire ça pour savoir qui était devant toi. Ou plutôt, savoir comment était a personne. Il savait juste qu'il était un arçon, mais quoi d'autre ?
Il ne pouvais pas le voir et la seule façon de pouvoir savoir les détails, était de le toucher, mais ça, beaucoup n'aimaient pas ça. Vous ne vous connaissiez pas des masses voir pas du tout, et ça allait peut-être gêné ton camarade. Tu te mordais l'intérieur de a joue, et après quelques minutes d'hésitation, t relevais ton regard vers lui. Enfin, ton regard, tu essayais, t savais en tout cas qu'il était pas loin de toi.
« Dis moi... Est-ce que tu me laisserais te toucher le visage ? » tu avais marqué une petite pause, avant de sursauter, il allai trouver ça surement bizarre ! « Ah, je n'ai aucune mauvaise pensée derrière la tête rassure toi. Je... Suis aveugle. Et j'ai besoin de toucher le visage des gens pour savoir à qui j'ai affaire, je visualise facilement après le visage de mes camarades. »
Voilà, tu ne pouvais de toute façon pas mentir. Si il ne savait pas que tu étais aveugle, là maintenant il le savait, et ça se voyait. Tu attendais patiemment sa réponse. Et t n'allais pas te brusquer si il refusait. Tu savais que c'était pas très agréable pour certain. Et pourtant tu n'avais rien derrière la tête, c'était juste pour t'aider. Et toucher le visage n'était pas une chose trop gênante on plus, tu en étais certain.
« Je comprendrais si tu refuse, beaucoup trouvent ça gênant. »
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