Svanhildr avait toujours eu le goût du combat. Même en hôpital psychatrique, elle fermait les yeux et se laissait porter par des scènes d’affrontements épiques. L’appel du fer coulait dans ses veines et le tintement des lames pouvait résonner infiniment dans ses tympans. Depuis son arrivé à Abberline, elle avait pu se perfectionner dans sa maîtrise. La Valkyrie excellait en Education Militaire.Elle possédait tous les atouts pour réussir : des prédispositions naturelles, un amour pour la discipline et une rigueur absolue. Chaque soir à dix sept heures, elle se rendait au camp d'entraînement. En un an et demi, elle n’avait jamais dérogé à sa règle. Elle travaillait toujours vêtue d’une lourde cuirasse. C’était une manière efficace d’entretenir sa fine musculature et acquérir plus de vitesse. Sa tenue réduisait considérablement la rapidité de ses coups, elle devait donc faire bien plus d’efforts. Aujourd’hui, elle avait prit sa véritable armure. Celle laissé par sa mère au pensionnat. Elle souhaitait voir si ses mouvements n’étaient pas trop entravées. N’importe qui pouvait trouver cette idée d’armure saugrenue à notre époque. Mais c’était une manière, pour elle, de faire honneur à ses ancêtres. Bien sur, elle n’aurait jamais le temps de l’enfiler en cas d’attaque surprise. Mais elle serait bien plus agile.

L’Islandaise s’habilla dans le vieux cabanon aux poutres rongés par le temps. Puis, une fois dehors porta la main à son épée. Personne ne venait jamais ici en dehors des cours. Mais c’était exactement la même sensation qui lui parcouru l’échine. Depuis une quinzaine de jours, une ombre semblait planer derrière elle. Elle ne lui semblait pas menaçante, juste oppressante. L’impression d’être observé était trop familière à la jeune femme. Durant des années elle l’avait été par les médecins. Et si… Il l’avait retrouvé ? Un frisson la traversa. Impossible. De toute façon il faudrait être fou pour épier, seul, une femme telle que Svanhildr, armée de surcroit. Elle fit quelques pas, tous ses sens aux aguets. Son armure or et azur reflétait les derniers rayons de soleil. Elle possédait cet éclat digne des pièces forgés par les maitres. La blanche aurait aimé demander à sa mère l’histoire de la cuirasse et l’épée. Peut être, lui avait elle déjà dit, dans l’un de ses contes fabuleux. C’est alors que le souffle du vent trahit un son. Celui d’un raclement de gorge. Avec calme, elle fit le tour du campement, sa cuirasse faisait trop de bruit à son gout. Mais heureusement le bruit de la jungle environnante pouvait camoufler ses pas. Elle distingua une silhouette, le voyeur devait avoir la combattante dans son champs de vision il y a quelques secondes. Désormais, elle se tenait dans son dos, sa lame sous sa gorge.

Ses cheveux blancs vinrent caresser tomber sur l’épaule du jeune homme. La femme dégageait un parfum de fer et de jasmin. Elle ne prit pas la peine d’appuyer sur la peau pâle du garçon. Sa voix légérement brisé par la cigarette s’occupait de traduire son sérieux.

“Qui es-tu pour m’observer ainsi à la dérobée ? Que recherches-tu ? Expliques-toi.”

Svanhildr n’avait jamais fait dans la demi-mesure. Évidemment il était très probable que l’impertinent soit un élève. Et le menacer ainsi à l’arme blanche pouvait lui causer de sérieux problèmes. L’étudiante était consciente de cela. Mais n’y accordait aucun intérêt. A ses yeux, elle ne brisait aucune règle. Aucune des siennes en tout cas.

"Désolée si mon observation t'a dérangé, ca n'était pas le but. Tu as attisé ma curiosité, navré"

Le soleil n'était plus et n'avait pas encore laissé place à la lune. Nous étions entre chien et loup. Ses cheveux scintillaient des premiers reflets lunaires. Svanhildr plissa les yeux et examina le manipulateur d'ombre. Les minutes s'écoulaient ainsi dans son silence imposée. Svanhildr devait étudier la situation et comprendre. Cody l'avait observé et ce n'était visiblement pas la première fois. Sa machoire se crispa, elle avait attisé sa curiosité ? Comme un animal de foire ?! N'en avait-elle pas fini avec cela ?! Ses muscles se tendirent. Un pincement serra sa poitrine. C'était une colère tue, une colère renfermée, detenue en son bouclier mental. L'impossibilité de traiter cette émotion entrainait une impossibilité de l'exprimer. Son épée effectua une légére pression, malgré elle.

"Ne m'en veut pas."

Si Svanhildr connaissait le concept de plaisir elle aurait laissé sa lame sous la gorge du garçon. Elle aurait savouré sa tension. Mais la situation n'avait rien d'excitante. Quelqu'un venait de lui demander une forme de pardon. Cette situation ne s'était jamais présenté auparavant. Svanhildr ne connaissait pas la pitié. Cela faisait-il d'elle un monstre ? Non, elle ne le désirait pas. Dans le fond, ce n'était qu'une broutille, c'était sans importance. Quand donneras tu de l'importance à quelque chose Svanhildr ?Lui souflla une voix persiflante dans son esprit. Pas aujourd'hui, sa désinvolture venait de sauver le nouveau. Avec délicatesse, elle rengaina sa lame. Le son fit s'envoler quelques oiseaux, provocant un bruissement dans les feuillages. L'Islandaise se tenait toujours derrière son dos, ils se regardaient de trois quart. C'était une nouvelle connaissance un peu étrange, certes, mais les règles de politesse s'appliquaient tout de meme.

"Je suis Svanhildr Alvindottir, en deuxième année."

Les yeux de Cody étaient presque camouflé par d'énormes verres, sa chevelure caché par une capuche, ses épaules étaient voutés et il semblait vouloir disparaitre. Elle arqua un sourcil puis ota ses lunettes et abaissa sa capuche d'un geste rapide. Sans aucune gène et sans sa permission bien sur.

"Et je n'aime pas parler à une ombre. Redresse toi, je ne suis pas une menace pour le moment" Il n y avait aucune animosité, aucun reproche dans sa voix. Elle commenca alors à tourner autour de lui, calmement, détachant chacun de ses pas telle une danseuse. "Qu'est ce qui a attisé ta curiosité au juste ? Que sais tu de moi ? Et qu'a tu vu ?"

Elle n'avait pas grand chose à cacher. Quoi que, sa rencontre nocture avec le professeur Deeper n'était peut etre pas à ébruiter. Les rumeurs étaient plétores à Abberline.

Les mots de Cody résonnaient dans son esprit. Leur prouver qu’ils ont tord, c’était montrer qu’elle était autre chose. Aspirait-elle à cela ? Elle se sentait tiraillée par différents concepts et réflexions. Svanhildr aurait aimé être de ces gens spontanés capable de sourire et prendre une main tendue. La nuit enveloppait désormais le terrain Le silence que dégageait la forêt aux alentours était assourdissant. Une légère brume vint les étreindre, l’atmosphère s’alourdissait de minutes en minutes. Ses cheveux se dressèrent dans sa nuque, comme un avertissement, qu’elle ignora. Cody était toujours là, la main tendue, la fixant, elle était bien incapable de décrire son attitude. Un bruissement dans les feuillages. Svanhildr porta son regard par-dessus l’épaule du manipulateur des ombres. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle aperçu la silhouette menaçante. Etait-ce un loup, un lynx ou une autre créature ? Elle n’en savait rien. Mais la chose était tous crocs dehors. L’Islandaise se souvint des mots du professeur d’éducation militaire « Ne trainez pas dans le coin à la nuit tombée, vous pourriez faire de mauvaises rencontres ».

Le prédateur s’apprêtait à bondir sur Cody. Mais la Blanche réagit instinctivement avant lui. En une fraction de seconde elle attrapa la main du garçon et le tira derrière elle avant de le pousser avec force Elle pivota sur le coté, la bête vint se fracasser contre son armure. Le choc lui arracha un gémissement de surprise mais la gueule de la chose n’avait pu gouter que son métal. D’un coup de pied elle l’envoya quelque mètres plus loin et sortie son épée de son fourreau. Son cœur s’emballait, elle ne laisserait pas encore une fois quelqu’un se faire blesser sous ses yeux. Svanhildr n’avait pas beaucoup de certitudes quant à ce qu’elle était. Mais elle en avait une : c’était une guerrière. Elle tenait la bête en respect avec son arme. Sans la quitter des yeux elle s’adressa à Cody.

« Cours ! Je m’occupe de le retenir ! »

Elle ne savait pas si le garçon l’avait écouté. Mais la bête préparait un autre assaut. Son armure pourrait encaisser encore mais son visage était à découvert. Il s’en était fallut de peu à l’instant. Elle n’aurait peut être pas la même agilité cette fois-ci. Svanhildr serra sa mâchoire, fuir n’était pas une option étant donné la lourdeur de sa carapace. Elle n’avait vraiment pas le choix. Il fallait l’abattre.