Les mots qui résultent des souvenirs: -Bravo ! L'entraînement d'aujourd'hui était super. Aah je suis contente, tu t'améliores c'est génial.
-Arrête je ne suis plus un enfantLa femme qui me serre dans ses bras et m'embrasse excessivement c'est Evelyne, ma tutrice. Je n'ai pas beaucoup de souvenir de mon enfance, tout ce que je sais et ce dont je me souviens c'est seulement qu'Evelyne et moi sommes les deux survivants d'un grand incendie. J'ai 15ans et elle en a 25. Nous vivons avec une troupe d'artiste de cirque ambulant, elle est magicienne et moi je fais de la voltige. Cette vie me convient, tous les jours on rit, c'est comme une grande famille, nous ne sommes pas riche, mais nous sommes tous ensemble.
J'ai avoué à Evelyne que j'étais amoureux de la petite jongleuse, elle a ri et m'a serré contre-elle. « concentre toi sur ton numéro et devient un peu plus un homme »
Elle souriait et moi je ne comprenais pas ce qu'elle cherchait à me dire, je n'avais vraiment pas compris.
Nous vivions des jours paisibles et tous plus beaux les uns que les autres à mes yeux, mais la vérité fut brutale.
Un jour, prenant mon courage en main, j'avais décidé de me déclarer à Kelly, la petite jongleuse, mais ce qu'elle me répondit me laissa sans voix. Sa mère lui avait dit de ne pas trop se lier avec moi, car Evelyne et moi apportions le malheur. Qu'est-ce que cela voulait dire et elle continuait de dire que sa mère avait parlé d'incendie, de causes étranges... Kelly insista, si bien que de douloureux souvenirs me vint en tête. Une grande maison. Des rires. Des visages souriants. Des cris. Des mots. Le feu. Les flammes dévorants tout sur leur passage.
-Tait-toi ! Si c'est pour dire des choses aussi horribles tu ferais mieux d'avaler tes quilles !
Je vis sur son visage toute la stupeur du monde et tout en la voyant commencer à enfoncer ses quilles de jonglage dans sa bouche j'aperçus mon reflet dans le blanc de ses yeux. Noir. Mais yeux étaient devenus si noir
Pris dans la panique je poussa un cri sonore alertant tous les artistes à proximité qui se précipitèrent vers nous. La mère de Kelly arracha l'objet des mains de sa fille qui avait commencé à s'étouffer.
Je sentis les bras d'Evelyne m'entourer et me serrant très fort contre-elle. Que venait-il de se passer ? Plusieurs jours passèrent et plus aucun son ne sortit de ma bouche durant cette période. Les membres de la troupe ne m'évitaient pas vraiment, mais ils ne s'occupaient pas non plus de ma présence. Evelyne était devenu un peu distante et mon incompréhension grandissait.
Un soir, alors que je rangeais notre roulotte j'y découvris un carnet de note, ou plutôt un journal. Ce n'était pas bien de lire ce qui appartenait aux autres, mais tan-pis, pour une étrange raison la curiosité fut plus forte. Cela parlait de la famille Vassilios. C'était la famille d'Evelyne et ce que je tenais en main me révéla un avenir déjà bien tracer.
[Kieran ! Il est tellement adorable si j'avais un petit frère je voudrais qu'il lui ressemble ! Je suis très heureuse que la famille de Kieran soit aux services de la mienne. Le pouvoir du Kotodama est une chose merveilleuse, mon père m'a expliqué que les Nô servaient les Vassilios depuis déjà quatre générations. Ma famille a beaucoup d'influence et de pouvoir sur le pays, à cause de cela nous avons pas mal d'ennemis dans les mafia et autres familles importantes. Je crois que le traité avec l'une d'entre elle s'est mal passé, c'est pourquoi la famille Nô nous protèges. La mère de Kieran est très puissante, au début je n'y croyais pas mais c'est un fait : ils sont magiques.]Un bruit me fit sursauter et je referma aussitôt le journal en le cachant. Ce n'était que le chat du directeur... Je ferma la porte de la roulotte et retourna à ma lecture ouvrant les pages au hasard.
[Une femme est venue demander à mes parents de venir étudier dans une académie loin de tous ceux que je connais. Mon père a refusé insistant sur le fait qu'être avec les siens était important et que la décision me reviendrai lorsque que je serai plus âgée. Je ne veux pas partir de chez moi, mais pourquoi donc cette femme avait autant insisté ? Une fois qu'elle fut partie il m'expliqua simplement que j'avais un grand don que le croisement de mes ascendants avait fait de moi un être unique et merveilleux, mais que pour le moment il fallait que je sois une gentille fille. Mes parents n'ont rien de particulier, aucun don et ils me répétent souvent que je suis encore trop jeune pour comprendre certaine chose. J'ai tout de même neuf ans ! ]-Qu'est-que tu fais ?!Trop absorber par ma lecture je n'entendis pas la porte s'ouvrir. Evelyne me regardait avec un air de reproche et elle m'ordonna de poser le journal. Je voulais essayer..
-L-lève le bras...Lève le bras !
Je me vis dans le reflet du miroir de la roulotte, je vis ces mêmes yeux noirs mais rien ne ce produisit. Rien, vraiment rien ! Pourquoi ?
Je la vis soupirer et refermer les portes avec précaution alors qu'elle se dirigea vers le lit pour s'y asseoir. Elle me fit signe de venir près d'elle et dans un petit sourire elle commença.
-Ton pouvoir ne marchera pas sur moi. Tu as un don Kieran et il faut que tu l'utilises avec beaucoup de précaution. Il y a un endroit qui serait parfait pour toi, il paraît qu'il y a d'autres personnes comme nous...
Evelyne m'expliqua que les ennemis de son père avaient finalement réussi, un jour, à investiguer la demeure et que malgré le puissant pouvoir Kotodama de ma famille, par sa faute un incendie c'était déclaré.
Elle n'a jamxis voulu me dire quel était son don mais j'allais bientôt le découvrir d'une des façons les plus horribles.
Un soir de représentation Evelyne du remplacer Martha, la funambule, qui s'était blessé à l'entraînement.
Evelyne connaissait le numéro et avec l'affluence du public dans le chapiteau, il était inconcevable d'annuler un numéro aussi attendu. Je devais passer après le numéro, alors comme d'habitude j'attendis mon tour en coulisse. Un bruit sourd et des cris retentirent sur la piste. Je me précipita pour voir ce qu'il se passait et je me figea devant la scène.
Le corps d'Evelyne était étendue au sol. Elle ne bougeait plus et s'en vraiment en avoir conscience j'étais déjà accroupit près d'elle. Dans le brouhaha de panique, les cris et les instructions d'urgence donner par le directeur je n'entendais qu'Evelyne.
Le visage noyé de larme elle me fixait douloureusement et tentant tout de même un sourire.
Qu'elle vive. Qu'elle vive. Qu'elle vive. Qu'elle vive... Qu'elle vive. Qu'elle vive. Qu'elle vive. Qu'elle vive...Je murmurais inlassablement ses mots sans aucun effet. Mes mots ne l'atteignant pas. Juste elle. J'étais incapable de l'aider... je la vis s'éteindre dans mes bras, un air si désolé sur le visage. Elle n'avait pas le droit de me montrer une telle expression !
-Ouvre-les yeux !
Je ne voulais pas y croire. Elle ne pouvait pas mourir ainsi. Une chute lors d'une représentation sans filet. Pourquoi ? Elle qui n'avait jaxais raté une pirouette, elle qui avait toujours la tête haute ! Le visage inondé de tristesse, je releva la tête apercevant le regard effrayer de certain. Mes yeux... j'avais oublié qu'ils s'habillaient d'un voile sombre lorsque j'ordonne...
Qu'ils oublient...Qu'ils m'oublient !!
Mon cri s'éleva dans le chapiteau puis tout devint noir.
Lorsque je repris connaissance plusieurs membres de la troupe se trouvaient à mon chevet. Ils avaient l'air inquiet mais l'expression triste et grave sur leur visage me ramena bien vite aux événements passés. Ils m'avaient tous oublié me disant qu'après la chute d'Evelyne j'étais tombé dans les pommes. Ils me demandèrent mon nom et ou se trouvait ma famille...Et Evelyne ? Ils baissèrent la tête la secouant me faisant comprendre qu'il n'y avait plus rien à faire. Le directeur s'occupait de tout ce qu'il y avait à faire pour le décès alors qu'en moi un grand vide incommensurable venait de se créer...
Ma vie à partir de là n'avait plus vraiment de sens. Je ne savais pas vraiment quoi faire, ni où allez. J'avais compris que le pouvoir d'Evelyne effaçait les miens, mais à présent plus rien ne me cachait. Je ne sentais si vulnérable et nue.
A l'abri des regards et au milieu de la nuit, alors que la troupe m'avait gentiment autorisé à rester avec eux le temps que je retrouve mes esprits. Je m'empara du journal d'Evelyne et j'y mis le feu. Le plaçant rapidement sur le lit, je quitta la roulotte et la regarda prend feu.
Brxle, grandit et nourrit toi. Que tout soit dévoré par les flammes, qu'il ne reste plus que cendre s'envolant au vent.
Que tout disparaisse et qu'il ne reste que mes souvenirs...Ainsi inconnu je disparaîtrai moi aussi.
Pour survivre et gagner un peu d'argent, je fis quelques petits numéros de mime dans la rue mais, alors que des heures sombres s'annonçaient j'eus la visite de l'oracle.
Je l'ai écouté et sans un mot je l'ai suivis.
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Que dire à présent ? Je n'ai plus personne et je ne considère en rien que je suis normal. Le pensionnat offre beaucoup et je pense que sans son existence je serais devenu soit dangereux soit ... Parmi tous les pensionnaires je me sens seul et rien ne remplacera le vide qui a violemment déchiré mon coeur.
Je déteste mon pouvoir. Je le trouve ni beau ni utile. Je n'aiderai jaxais personne et je ne peux faire que le mal autour de moi. Que faire lorsque chaque mot que vous prononcez se réalise ? Cela refroidit un peu plus votre coeur à chaque syllabe.
Je me suis inscrit dans en art et musique. J'aime écouter les gens chanter, cela peut avoir quelque chose de réconfortant et d'apaisant.
Je ne sais pas si cette école pourra m'aider. Je ne sais pas mon pouvoir est contrôlable. Je doute et je n'ai pas confiance en moi, j'en ai conscience, mais je pense sincèrement que j'aurai préféré vivre toute ma vie dans l'ignorance, comme un idiot se voilant la face.
Que suis-je censé faire. Pour le moment je fais profil bas et je reste sage, m'isolant simplement. J'ai déjà vu plusieurs fois la conseillère et le directeur à cause de mon comportement. Que dire ? Je pense que ces gens ne comprennent pas.
Lorsque mes « ordres » n'ont nul par où aller, ils se fracassent sur ce qui m'entoure. J'ai déjà abîmé le mobilier de ma chambre, lézardant les murs., parfois me blessant. J'ai l'impression que chacun de mes mots sont comme des lames de vents qui fauchent tout sur leur passage.
Mon sceau a été renforcé, au point qu'il met interdit de prononcer certain mot : Touxours ; Jaxais ; Éterxel ; Stxp ; Explxser ; Intxnse ; Brxler ; Absxlu ;Mouxir.
Je suis incapable de les dires ou même de les écrire. J'apprends à gérer mes sentiments pour ne plus perdre le contrôle, mon kotodama insuffle la vie à mes mots et en grandissant je pourrais aussi les écrire sur des sceaux.
Ce n'est pas compliqué, j'ai juste décidé de me taire. Je voudrais que mon pouvoir soit utile au moins une fois ; qu'il me rende ma Evelyne.
Kieran Vassilios
Devoir de 2e année.
Sujet : « Hier et Aujourd'hui »
Non noté
Remarque : Vous communiquez de plus en plus avec nous M.Vassilios. Beaucoup de progrès ce trimestre-ci, en bonne voie, à poursuivre.