HISTOIRE : La mélodie du bonheur
Deux heures... Cela faisait, maintenant, exactement deux heures que la femme de Sergeï Ivanov se trouvait dans cette salle d'accouchement de Londres et le jeune Russe, alors âgé de 27 ans, n'avait cessé de faire les cent pas. Il avait analysé, à tours de rôle, chaque recoin de la pièce et, à présent, il ne tenait plus en place.
Voilà deux ans que Sergeï et Anna s'étaient mariés, mais il se souvenait encore parfaitement du jour où il l'avait rencontré. C'était lors de son tout premier voyage comme jeune entrepreneur et cela se passait sur le sol britannique. Après une courte nuit dans un hôtel du centre de Londres, l'homme d'affaire avait dû se rendre à son nouveau bureau et il y avait, presque tout de suite, fait la rencontre d'Anna Hepburn. La jeune demoiselle était une fervente protectrice de la nature et s'était donné pour but de décourager quiconque oserait s'attaquer aux espaces verts qui survivaient difficilement. Sergeï avait pour projet le financement d'un nouveau centre commercial et cela ne plaisait guère à la jeune militante qui tentait le tout pour le tout afin de décourager le requin russe. Ainsi, il débarrasserait le plancher et retournerait boire de la vodka dans son pays.
Néanmoins, la passion émanant de cette demoiselle avait surpris le russe. Elle n'était pas comme les filles de son pays qui étaient soumises aux hommes et qui se taisaient. Elle, elle était franche et savait se dresser contre ceux qui se mettaient sur son chemin. C'est pourquoi, après des mois de haine et de harcèlement de la part d'Anna, Ivanov décida de trouver un compromis et de créer le premier centre commercial alimenté en énergie solaire et vendant uniquement des produits bios. Il demanda évidemment de l'aide et des conseils à Anna qui finit par se dire qu'il n'y avait que les idiots qui ne changeaient pas d'avis.
Leur collaboration avait fait naître entre eux énormément d'affection. Après un an, Anna lui confia son secret. Elle descendait d'une lignée de spriggan, ces créatures qui, autrefois, vivaient en osmose avec la nature et la défendait corps et âme. Cette marque de confiance ne toucha que plus Sergeï qui tomba peu à peu amoureux de la demoiselle. Ils se marièrent quelques mois plus tard et essayèrent d'avoir un enfant dès cet instant. Cependant, leurs tentatives étaient vaines et le couple commençait à se demander s'ils étaient mauditset l'espoir commençait à laisser place à la triste.C'est à ce moment là, après deux ans d'échec, qu'Anna tomba finalement enceinte.
Et nous y étions. Sergeï avait tant espéré. Il ne voulait pas que l'enfant hérite d'une quelconque forme de pouvoirs. Il aurait une vie plus tranquille, il n'aurait pas de problème... Or il semble que, parfois, le destin aime bien se jouer de nous. Le destin donna, ce jour-là, au couple une petite fille qui serait, un, jour, dotée des mêmes pouvoirs que sa maman.
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Tic tac tourne l'heure
Les dé sont jetés
Quelques années étaient passées. La petite famille vivaient dans une charmante maison dans la périphérie de la capitale britannique. La petite Lily avait, à présent, 4 ans et demi et les premiers signes de son don commençaient à pointer. Elle parvenait à faire léviter, pendant quelques secondes, les graviers de la place de jeux et cela étonnait énormément les autres enfants qui, pour la plupart, ne possédaient pas de dons. Néanmoins, personne n'osait se moquer d'elle ou la traiter de monstre, car la petite fille avait déjà un sacré caractère qu'elle avait, semble-t-il, hérité de sa mère.
Voir sa fille mettre en place ceux qui osaient lui faire des remarques faisait beaucoup rire Sergeï, mais il n'en restait pas moins inquiet. Sa femme n'usant que très peu ses pouvoirs, il n'avait jamais eu l'occasion d'observer une telle magie et son esprit raisonnable peinait à y croire. Il ne cessait de se demander s'il allait être capable d'éduquer sa fille suffisamment bien pour qu'elle n'aie aucun problème avec ses pouvoirs.
Heureusement pour lui, Anna se chargeait de cette partie de l'éducation. Elle montrait bien des choses à Lily et cela rassurait énormément Sergeï. Il savait que, même s'il devait partir en voyage d'affaires, même s'il ne possédait pas de pouvoirs et même si, en cela, il ne ressemblait pas à sa petite fille, elle faisait des progrès et elle apprenait en toute sécurité.
Tout se passa bien pendant dix années. Puis, après dix ans, la carrière de Sergeï décolla littéralement. Il était devenu un homme d'affaire si réputé que sa présence était demandée dans beaucoup de pays et il n'avait guère le temps de s'attarder à la maison et de s'occuper de sa famille autrement que financièrement. Une brèche commença, peu à peu, à s'incruster entre Anna et son mari. Le temps, la distance, le silence... Cela n'aide pas vraiment à consolider une couple, n'est-ce pas ?
C'est ainsi que le divorce s'imposa au ménage. L'amour n'était plus là. Il avaitdisparu et la seule perspective de continuer à vivre ensemble était devenu un poids pour les anciens amants. Ils décidèrent donc de poursuivre leur vie de leurs côtés. La petite Lily, alors âgée de seulement quatorze ans, tanguaient d'un foyer à l'autre, d'une famille à l'autre. Elle voyait chacun de ses parents se remettre en ménage, faire des projets d'avenirs...
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I told you I was hurt
Bleeding on the inside
Vous devez vous demander ce que moi, Lily, j'avais pensé de tout cela. J'avais, tout bonnement, l'impression d'être comme un produit périmé. L'histoire dont j'avais fait partie semblait se terminer devant mes yeux. Entre mes parents, ce n'était plus que des questions de garde, de payements à coup de "Je garde la maison et toi la voiture ?".
Je ne comprenais rien. Où étaient passés les parents que j'avais toujours aimés ? Mon père était parti à l'aventure. Il s'était arrêté en Amérique et y avait rencontré une actrice qui, paraît-il, était la femme de sa vie. Ils s'étaient mis en ménage et mes contacts avec lui devinrent de plus en plus inexistant. Les lettres qu'ils m'écrivaient s'étaient transformées en quelques coups de fil répartis aléatoirement durant l'année puis, finalement, j'avais des nouvelles de lui grâce à la presse.
Ma mère, elle, avait eu beaucoup de mal à accuser le coup. Pendant plusieurs mois, elle était restées enfermée dans sa tristesse et ne s'était guère occupée de moi. C'est à cet instant que j'ai commencé à devenir autonome et à ne plus compter sur les autres. Je devais devenir un adulte et prendre soin d'elle. N'était-ce pas trop demander à une gamine de quatorze ans ? Tout ce que je sais, c'est qu'après quelques mois, elle est sortie de sa coquille. Elle a recommencé à sortir, à s'amuser, clamant qu'elle voulait s'éclater et vivre. Elle faisait des rencontres, elle rentrait de plus en plus tard le soir...
Mes parents étaient devenus irresponsables.
Et moi ? Eh bien, je noyais ma douleur comme je le pouvais. Au départ, c'était anodin, j'évacuais le stress comme je le pouvais : je sortais aussi le soir, j'avais des fréquentations peu recommandables, je fumais je ne sais trop quoi... Cependant, cela ne me calmait pas. Du moins, pas assez longtemps. En fait, tout ce que j'essayais d'oublier se tassait quelque part dans un coin de mon coeur et attendait le bon moment pour exploser.
Un soir, alors que j'étais sortie,car je commençais à ne plus supporter toute la douleur de cette solitude qui me pesait sur le coeur, ma colère à complètement explosé.J'étais sortie acheter des cigarettes auprès d'un ami et j'empruntais, à présent, un chemin d'ordinaire peu fréquenté afin de ne pas me faire voir par un membre des forces de l'ordre. C'est là que j'aperçus un garçon. Il était étrange, il marchait sans vraiment regarder ce qu'il faisait et sans vraiment voir ce qui l'entourait. Je l'avais pris pour un bourré quelconque et je m'apprêtais à continuer mon chemin lorsque trois gars s'approchèrent de lui. Ils se moquaient de lui, le traitant d'aveugle -c'était donc cela- et l'un d'entre eux l'avait saisi au bras. Ils allaient certainement le frapper jusqu'à ce qu'il s'écroule et fuir avec son argent.
Cela aurait pu ne pas être mon problème... Oui, j'aurais pû rester une garce égoïste Cependant, voir autant de méchanceté envers une personne si fragile me choquait. Je senti un sentiment grandir en moi, j'avais comme une immense boule brûlante dans la gorge et il fallait qu'elle sorte. Je m'approchais d'eux tandis qu'ils ne me voyaient pas et je mis une grosse gifle au premier d'entre eux.
Evidemment, les autres lâchèrent le garçon et commencère à m'insulter. C'est alors que je sentis une immense puissance prendre le contrôle de mon corps. Je me sentais si forte, invincible. Je murmurais des aux pierres de se lever et de combattre à mes côtés. Des pierres se mirent à léviter et fusèrent sur les trois abrutis, je frappais du pieds au sol et celui-ci se mit à trembler violemment dans un rayon d'un mètre faisant ainsi tomber les trois abrutis qui se relevèrent et fuirent tout en me traitant de monstre.
Toujours tremblante, j'avais aidé le garçon à se relever. Il me remercia, me demanda mon nom et on discuta un peu. Je ne savais pas encore, à cet instant, que ce garçon allait devenir mon meilleur ami.
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Le calme après la tempête
Les quelques mois qui suivirent l'incident ne furent pas roses. Je ne parvenais plus à contrôler mes sentiments et mes pouvoirs. Cela commençait à devenir dangereux pour moi et pour mon entourage. C'est alors que je pris une décision. Ma mère m'avait un jour parlé d'une académie connue uniquement des gens comme moi. Là-bas, je pourrais certainement apprendre à me contrôler afin de ne plus être un danger. De plus, j'allais pouvoir y retrouver mon meilleur ami et m'éloigner de cette ancienne vie. Ma mère accepta, évidemment, de me laisser partir et, quelques semaines plus tard, j'avais emménagé sur l'île.
Depuis, 3 ans sont passé. Je me sens vraiment bien ici. J'ai eu l'occasion de retrouver Matthias et de faire des nouvelles rencontres. Les gens me trouvent parfois étrange, mais je m'en fiche. Je sais que je suis ici pour mon bien.