• feat. Sophian Meyjin-Hasegawa •

Il était relativement tard. Les pensionnaires couchés, Murasaki avait fait une dernière fois le tour des dortoirs avant de s'accorder une petite pause clope sur le toit. Certains gamins essayaient toujours de gratter quelques minutes au couvre-feu, mais ce soir-là tout s'était déroulé sans accroc, une chance. Murasaki avait beau adorer les pensionnaires de cette école, il adorait plus encore les moments de calmes et de paix ultime que lui conférait le couvre-feu. Il s'accorda un bon moment de méditation en contemplant la voûte céleste. L'avantage de vivre sur une île ? Il n'y avait pas tous ces bâtiments, toutes ces lumières et toute cette pollution qui vous gâchaient la vue en ville. Ici, le ciel était d'un bleu profond, parsemé d'étoiles scintillantes. C'était très poétique. Tellement poétique qu'il oublia où il était.

– Bon, faudrait peut-être que je dorme, marmonna-t-il pour lui-même.

L'heure fatidique du couvre-feu était largement dépassée lorsqu'il retourna à l'intérieur des bâtiments sombres et silencieux. Ni l'obscurité ni le silence ne gênaient Murasaki, mais il trouvait que ses pas résonnaient de façon bien étrange. Presque comme s'il était suivit. Ahah, stupide. Il se retourna. Il n'y avait rien, bien sûr. De toute manière, il n'avait pas peur d'être suivi, c'était plutôt à ceux qui le suivaient d'avoir peur – surtout s'ils étaient mineurs. Le surveillant fit encore quelques pas, nonchalamment, l'air de n'avoir rien entendu. En fait, il se demandait très sérieusement s'il ne devait pas aller se coucher comme si de rien n'était. *Faut vraiment que je dorme.* Ça l'enquiquinait un peu de sacrifier ses heures de sommeil pour quelques âmes aventureuses qui finiraient bien par retourner se coucher. Il fit deux pas et s'arrêta net, certain cette fois-ci d'avoir entendu quelque chose qu'il ne pouvait pas faire mine d'ignorer. Il se retourna en grommelant.

– Fichus gamins. Qui est là ?

Il ne prit pas la peine de chuchoter, d'abord si quelqu'un voulait se plaindre il n'aurait qu'à s'en prendre à celui ou celle qui le forçait à faire son job à une heure aussi tardive ! Il retourna sur ses pas et s'arrêta au coin de chaque mur pour jeter un œil de l'autre côté, persuadé qu'il allait surprendre un petit qui aurait "faim" ou "envie d'aller aux toilettes", ou des grands qui s'amusaient à visiter d'autres dortoirs que les leurs. Il ne voulait pas savoir pour quoi.

– Je serai sympa si vous sortez maintenant, ajouta-t-il sur un ton qui semblait dire le contraire.

Oublié, la méditation. Mura était de nouveau de mauvaise humeur. Pour changer.

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